Entre Autres

Les Ombres /// Les Parleurs

Galerie Les territoires. Montréal, 2010.

Ce projet se compose de deux parties, l'une comprenant une série de plusieurs photographies en grand format (Les Ombres) et l'autre une sculpture modulaire sonore formée d'un socle et d'une cinquantaine de boîtes, dont certaines émettent des récits vocaux (Les Parleurs). Créé à partir de mes rencontres avec des inconnus par le biais de petites annonces, ce projet se veut une cohabitation des présences sonores et physiques de divers individus, évoquant ainsi des personnages mystérieux (des silhouettes stéréotypées, sexuées sans pour autant s'y maintenir) déclenchant le processus narratif chez le visiteur.

Les Ombres sont des portraits sous-exposés et à contre-jour. Ces individus, ainsi difficilement reconnaissables, forment des canevas, des suggestions d'êtres, porteurs d'autres multiples. Ces silhouettes proposent des sujets (référents) où la lecture est brouillée, où le regardeur peut, à sa guise, leur attribuer l'identité de son choix, mais aussi les compléter par son image, car les portraits sont encadrés sous vitre pour favoriser l'apparition du reflet du regardeur dans les zones noires.

Les Parleurs contiennent des témoignages, des entretiens, obtenus lors de ces mêmes rencontres «photographiques». Les réponses, les paroles sont variables et variées. Les monologues prennent un sens, (font image) par leurs énoncés, leurs accents, leurs rythmes. Les boîtes sont empilées au hasard, dans une forme qui facilite l’interaction, tout en suggérant l’idée d’un regroupement, d’une foule (cet effet amplifié par les boîtes «vides») afin d’inviter le spectateur à en saisir une ou plusieurs. L’écoute peut donc se faire de différentes manières. Dans un premier sens élargi, les gens parlent tous en même temps, ce qui recrée une atmosphère de foule et donne à entendre des propos plutôt incompréhensibles. La deuxième manière, une écoute plus restreinte, d’un haut-parleur à l’autre, d’une personne à l’autre, permet d’entendre des extraits de conversations décousues, perçues au hasard, comme dans la rue, au restaurant… Une à une, les voix deviennent celles d’un profil-type, le témoignage d’un individu bien réel. De la même façon, ces témoignages sont des portraits vocaux où le spectateur sera tenté de faire des rapprochements émotifs à partir de ses propres expériences, de ses c onnaissances personnelles, d’anecdotes.

Centre national d'exposition de Jonquière. Saguenay, 2013.